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Proclamation des résultats du bac… par SMS payant : Rompre avec la «marchandisation» des notes scolaires…

Par Hassan GHEDIRI

Cela fait plusieurs années que la diffusion des résultats des examens nationaux se fait par la voie d’un service de messagerie payant. Une obligation totalement aux antipodes de la gratuité de l’école publique…

 

Dans un communiqué officiel publié le 17 juin, le ministère de l’Éducation a rappelé à tous les candidats au baccalauréat 2025 que les résultats de la session principale, qui s’est déroulée du 2 au 11 juin, vont être (exclusivement) diffusés par SMS. Cela veut dire que pour les recevoir, les 151 mille candidats doivent obligatoirement s’inscrire au service de messagerie mobile mis à leur disposition, et ce, en envoyant leur numéro d’examen au 85005.  Le message coûte 950 millimes, et permet de recevoir un SMS contenant la décision finale ainsi que les moyennes obtenues dans les matières principales dans chaque filière.
Le ministère parle de «service», mais il s’agit en réalité d’une procédure imposée. Les candidats au baccalauréat, comme c’est d’ailleurs le cas pour les élèves qui passent les examens de sixième et de neuvième n’ont aucun autre moyen pour obtenir leur résultat le jour de la proclamation officielle qu’en s’inscrivant à ce service payant. Sinon, ils doivent patienter jusqu’à ce que les résultats soient affichés dans les lycées pour les bacheliers et les collèges et les écoles pour ceux qui passent les examens d’accès aux écoles et lycées pilotes. Le ministère de l’Education, qui a opté pour la diffusion électronique des résultats par voie de téléphone mobile, n’a prévu aucun autre canal numérique gratuit comme l’email ou bien la diffusion sur un site web dédié à cet effet. Pour connaître son sort scolaire, des centaines de milliers de candidats et leurs familles sont donc obligés de payer.
Le tarif unitaire est peut-être symbolique. Mais à l’échelle nationale, la note est lourde. Pour ne compter que les 151 mille candidats au bac, cela représente une facture avoisinant les 150 mille dinars. Si l’on prend en compte les résultats de la session de rattrapage et ensuite les résultats de l’orientation universitaire, également communiqués par voie de SMS payant, et aussi les résultats d’environ 100 mille élèves qui passent les concours d’accès aux collèges et lycées pilotes, l’ardoise finale finit par être très salée d’autant plus que les familles tunisiennes ont tendance à multiplier les inscriptions sur plusieurs numéros pour obtenir le résultats d’un seul candidat. 

Une pratique aux antipodes de la gratuité éducative
Cette «marchandisation» des résultats scolaires est une aberration tunisienne. Dans pratiquement tous les pays du monde, excepté un très petit nombre de pays en Afrique subsaharienne et en Asie, l’accès aux résultats scolaires est 100% gratuit. En France, en Italie ou au Maroc, les élèves des classes terminales qui passent des examens nationaux consultent leurs résultats en ligne à travers des applications sécurisées, sans frais. Dans les pays ne disposant pas d’infrastructures numériques assez développées, il y a ceux qui se permettent le luxe de proclamer les résultats du bac par vois de messagerie mobile payante, mais qui reste facultative.
Il est ainsi complètement absurde, dans notre pays, que l’Etat impose aux citoyens un service payant pour obtenir les résultats scolaires alors que l’on prétend lutter pour consacrer le principe de la gratuité de l’école publique. Les résultats scolaires ne doivent aucunement être considérés un produit commercial duquel profitent les opérateurs téléphoniques à travers des contrats de sous-traitance conclus avec le gouvernement. Il est grand temps pour repenser ce système, car les outils existent. Le ministère dispose d’une infrastructure électronique et des ingénieurs et des techniciens hautement qualifiés pour développer des solutions numériques permettant une diffusion instantanée, simple, fluide et gratuite des résultats des examens nationaux.  Car l’accès aux résultats scolaires est un service public qui ne doit pas se transformer en une source de revenus.

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