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Editorial : La thérapie du rire…

Par Chokri Baccouche

Le rire est bon pour le cœur s’accordent à penser les cardiologues. Cela est d’autant plus vrai que de nombreuses études scientifiques sont arrivées à la conclusion qu’il n’y a pas meilleur moyen de déstresser et, partant, éviter les pépins cardiaques que de se dilater la rate. L’ennui,  c’est que,  de nos jours, le rire est devenu une denrée rare.

La cherté de la vie, les aléas d’un quotidien de plus en plus pointu dans un monde aux abois, marqué par la multiplication des guerres et des tragédies humaines, sapent la bonne humeur des uns et des autres. Difficile dans cette ambiance morose d’avoir la pêche et garder la joie de vivre particulièrement par les temps qui courent où on se réveille chaque matin sur des informations pas du tout rassurantes qui vous cassent le moral.

Dans ce funeste registre justement, il n’y a que l’embarras du choix. A la sempiternelle tragédie palestinienne qui n’est pas près de connaitre de sitôt son épilogue, viennent s’ajouter d’autres drames, actuellement en cours ou en gestation. La crise sans précédent opposant ces derniers jours  les Etats-Unis au Venezuela en fait partie.

Au prétendu motif de lutter contre les narcotrafiquants, Washington a dépêché une impressionnante armada dans les eaux caribéennes et menace de s’attaquer aux dirigeants de ce pays d’Amérique latine qu’elle accuse d’être les véritables barons du trafic de la drogue vers les Etats-Unis.

Les observateurs avertis s’accordent à penser que l’argument des Américains ne tient pas la route dans le sens qu’il ne justifie pas le déploiement d’un tel contingent militaire qui comprend notamment un porte-avions ainsi que nombreux destroyers et frégates et près de quatre mille marines. Ils estiment que cette démonstration de force de grande ampleur cache en réalité des visées et des velléités géopolitiques.

Pour faire plus simple, la Maison Blanche a une sacrée dent contre le président vénézuélien, Maduro, qu’elle trouve un peu trop « rebelle  et révolutionnaire» et pas du tout vassal à son goût. Raison pour laquelle elle cherche à le destituer par tous les moyens surtout qu’elle voit d’un très mauvais œil le rapprochement spectaculaire, ces dernières années, entre le Venezuela et la Chine, considérée par Washington comme la principale menace pour son leadership mondial.

Et si l’on sait que le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde, représentant environ un cinquième des réserves mondiales, la boucle est bouclée et on comprend mieux ainsi les véritables enjeux qui se cachent derrière cette expédition militaire américaine de grande ampleur.

Sous la houlette de Donald Trump, les Etats-Unis mènent depuis début septembre une campagne de frappes aériennes contre des embarcations présentées comme celles de narcotrafiquants présumés. Jusque-là, dix ont été revendiquées et la plupart se sont concentrées essentiellement dans les eaux caribéennes. Selon les derniers décomptes, ces attaques ont tué au moins 43 personnes et le comble c’est que Washington n'a pas avancé à ce stade de preuve à l'appui de ses accusations.

Par conséquent, la légalité de ces frappes est largement mise en doute par les experts qui dénoncent des « exécutions extrajudiciaires ». Le Brésil, puissance régionale, partage cet avis et  "s'oppose clairement à une intervention extérieure" qui "pourrait enflammer l'Amérique du Sud et conduire à une radicalisation politique dans tout le continent".

De la Mer caribéenne à la guerre en Ukraine qui menace de dégénérer en un conflit atomique mondialisé, sans oublier bien sûr les tensions croissantes en Mer de Chine, en Syrie, Irak, Libye auxquels s’ajoute le nucléaire controversé de l’Iran qui reste sous la menace de nouvelles frappes militaires américano-sionistes. Bref, le monde ressemble depuis quelque temps à une cocotte minute qui chauffe dangereusement, prélude à des lendemains qui déchantent et font craindre le pire.

La crise sévère qui secoue l’économie mondiale  booste l’inflation aux quatre coins de la planète et complète ce désolant tableau. Dur, dur de garder le moral dans ces conditions extrêmes tant il est vrai qu’on ne peut rester stoïque face à un tel magma de tensions qui font peser une lourde  menace sur la paix et la stabilité dans le monde.

Au point où on en est, c’est-à-dire pas du tout pour le mieux dans un monde qui ne cesse de tirer le diable par la queue et qui porte surtout les germes de sa propre destruction, rien ne sert de se morfondre et broyer son pain noir. Après tout, tous les bipèdes sont embarqués dans la même galère ; d’où l’impérieuse nécessité de se ménager et ne pas trop s’en faire, car ce qui va arriver  arrivera de toutes les façons.

La panacée pour se requinquer le moral ? Rire aux éclats et à gorge déployée. Rire pour exorciser la peur du lendemain. Rire pour retrouver cette précieuse bonne humeur, actuellement perdue dans les dédales de l’insoutenable irresponsabilité des êtres et le foisonnement des événements le moins qu’on puisse dire flippants et déprimants…

C.B.

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