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Editorial : Un travail de longue haleine… - Par Hassan GHEDIRI

Six millions de dinars pour financer la conception, la production et la diffusion des campagnes de sensibilisation sur la maîtrise de l’énergie dans le secteur résidentiel et professionnel. L’enveloppe doit être débloquée dans le cadre d’un programme s’étalant sur trois ans piloté par l’Agence nationale pour la maitrise de l’énergie (ANME)

Environ 3 millions de dinars devraient être consacrés à la communication par l’intermédiaire des médias classiques (radio et télévision » contre un peu plus de 1 million de dinars dédiés au digital (web, réseaux sociaux, internet mobile, e-mail, sms…).

C’est ce qui ressort d’un arrêté ministériel émis ces derniers jours par le ministère chargé de l’Industrie et de l’Energie destiné à soutenir les efforts visant à réduire la facture énergétique à travers la transformation des habitudes de consommation et la promotion des outils plus économes et efficaces. Le montant est très important et va sans doute susciter la convoitise des boîtes de com et autres développeurs de support de communication audiovisuels et numériques.

L’Etat, qui supporte d’énormes dépenses liées à l’énergie principalement pour protéger les consommateurs et les entreprises par le biais de la compensation, croit pouvoir à moyen ou à court terme changer la donne en agissant sur les comportements par la sensibilisation. Quelles que soient les sommes que l’on pouvait dépenser pour produire des spots publicitaires dénonçant le gaspillage et valorisant les bons gestes, le changement des mentalités est quelque chose de très compliqué.

A l’heure où le gaspillage énergétique est malheureusement devenue une valeur dans notre société, inculquer la sobriété est un travail de longue haleine qui demande persévérance et patience. Pour le cas de la Tunisie, cela représente un luxe que l’on ne peut pas se permettre au vu des urgences posées par la détérioration accélérée et alarmante de notre balance énergétique.

Ce ne sont pas les campagnes de sensibilisation financées à coup des milliards qui pourraient transformer en peu de temps les mentalités ni changer profondément les comportements. Il n’y a pas mieux que les incitations financières et fiscales sous forme de soutiens à l’industrie nationale pour la fabrication en masse des équipements économes en énergie, accompagnées d’interdiction ferme des matériaux énergivores qui sont de nature à créer les changements escomptés.  

Il est en effet plus judicieux pour les autorités de concentrer leurs efforts et leurs investissements sur la vulgarisation des technologies à haute performance énergétique et sur le développement des ressources durables et locales. Ceci permettrait d’obtenir des résultats concrets et fiables qui dépassent les effets limités des simples campagnes de sensibilisation.

Pour faire d’une pierre deux coups, la stratégie doit viser l’autonomie en favorisant la production nationale pour la création d’un tissu industriel puissant et performant dédié à la même case.

Une approche qui permet de stimuler à la fois l’innovation industrielle et l’emploi tout en réduisant la dépendance aux importations énergétiques. En même temps, le cap doit être mis sur le développement des énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes pour réduire le coût global de l’énergie sur le long terme et combler le déficit énergétique du pays.

C’est en agissant en amont sur l’environnement économique et technique que l’on pouvait rendre les équipements énergétiquement efficaces accessibles à tous et contribuer par le même fait à l’évolution des mentalités et au changement des comportements. Parce que les consommateurs, toujours en quête du confort, n’hésitent pas à abandonner le gaspillage et à adhérer à une logique de maitrise de l’énergie lorsqu’ils ont accès à des solutions fiables et abordables.

Ce ne sont pas les slogans matraqués dans les campagnes de sensibilisation que les Tunisiens vont changer leurs habitudes de consommation de l’énergie mais lorsqu’ils voient l’Etat faire des efforts pour moderniser les infrastructures et acquérir les technologies pour enclencher une véritable transition énergétique durable.

H.G.

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