Défiant la mort par l'écriture et la créativité, Hassouna Mosbahi a choisi de publier, il y a juste quelques jours son roman "Le jour de la mort de Selma", c'était son dernier roman, sa façon de dieu adieu à ses lecteurs. Publié chez la Maison du livre de Tunis, le roman résulte de tout un combat qu'a mené l'écrivain et l'intellectuel ces dernières années avec la maladie.
Ecrivain tunisien d’expression arabe, Hassouna Mosbahi (1950-2025), a tiré hier sa révérence, à l’âge de 75 ans, après avoir vu et touché son roman, dans sa maison à "Dhibet" à Kairouan. Tenant toujours à l'écriture, l'auteur a posté de nombreuses photos immortalisant l'événement et illustrant sa victoire. Malgré la souffrance, il a su achever son livre et également le publier. Acte de courage. Acte de résistance. Hassouna Mosbahi qui a voué sa vie à l'écriture semble choisir sa fin comme il le fait pour les héros de ses romans publiés au fil d'un long et riche parcours.
Dans un faire-part publié dans la soirée de mercredi, le ministère des Affaires culturelles a regretté la perte d’un grand écrivain pluridisciplinaire qui était romancier, nouvelliste, essayiste, critique littéraire et traducteur.
Enseignant de français de son état, avant d'être licencié dans les années 90, pour des raisons politiques, Hassouna Mosbahi a choisi de quitter son village et son pays pour s'installer en Allemagne, là où il a passé vingt ans, décidant en 2004 de retourner définitivement.
Durant son séjour en Allemagne, il s'est installé à Munich où il "a occupé le poste de secrétaire de rédaction dans un magazine arabophone (Fikr wa fan). Il a également écrit collaboré avec les principaux journaux et magazines allemands à travers des articles et des études sur la culture arabe et ses éminents écrivains à l’instar de Taha Houssine, Nejib Mahfoudh, Taieb Saleh et Adonis", lit-on, dans le communiqué du ministère des Affaires culturelles.
Il a publié des romans et nouvelles comme "Retour à Tarchich" (1995), "Les autres" (1998), "Adieu Rosalie" (2001) et "Histoire tunisienne" (2008), "L’histoire de folie de ma cousine Hnia" (1985), "Pas de deuil pour ma mère" (2019), "Les Chroniques de Hammamet" (2021) et "Le jour de la mort de Selma" (2025).
De retour en Tunisie, l'auteur a eu une escale de dix ans à Hammamet pour s'installer définitivement dans son village natal "Dehibet" à Kairouan, passant sa journée à contempler les oliviers, à écouter la musique, à écrire et surtout à accueillir les visites de la famille et des amis.
Hassouna Mosbahi, dont certains ouvrages ont été traduits en anglais, en allemand et en français, est lauréat de divers prix littéraires dont le prix de la nouvelle décerné par le ministère des Affaires Culturelles (1986) , le prix Toucan du meilleur roman décerné par la ville de Munich pour "Retour de Tarchich" et le prix marocain Mohammed Zafzaf du roman arabe (2016) pour l’ensemble de son œuvre littéraire. Il est également lauréat du Prix Ibn Battouta de la littérature de voyage dans sa 22ème édition au titre de l'année 2023-2024 pour son livre "Des jours à Istanbul".
La rédaction