Par Wahid SMAOUI
C’est presque les doigts dans le nez que le Onze national a mis au pas un Libéria plus ratatiné que présagé. A la clé, une large victoire qui fait du Mondial tripartite, Canada-Mexique-USA- une factualité de plus en plus avérée.
Sans aller jusqu’à faire le difficile, il y a lieu de rappeler que le parachèvement de toute entreprise est conditionné par l’évidente loi de la relativité. C’est dire qu’il n’y a sincèrement rien d’exultant à louanger ce résultat et à le couvrir de fleurs tellement ces «Lone Stars» étaient loin d’honorer le talent d’un certain George Weah, comme si le vainqueur du Ballon d’or 1995, avait vu par accident le jour dans un pays pour lequel le foot ne vaudrait pas un clou. En termes comptables cependant, et nonobstant la valeur intrinsèque de l’antagoniste et partant, celle de tous nos rivaux de poule, ce succès devrait autoriser les Aigles de Carthage à appareiller pour le Nouveau Monde et à se préparer à la grande traversée de l’Atlantique.
De fil en aiguille…
Pour en revenir au match proprement dit, il a donné à voir un envers et un revers, une ambivalence loin d’être drastique, souplement accommodante orchestrée par le gondolier technique de la sélection, Sami Trabelsi. Fidèle à son conservatisme bien trempé, il a aligné un onze de départ assimilable au noyau dur de l’équipe quand bien même il n’aurait pas comporté certains noms d’habitude «intouchables», à l’instar de Ali Abdi, indisponible pour blessure, et Yacine Meriah, aux services de qui il a eu la perspicacité de ne pas recourir, au vu du récent retour à la compétition du joueur après une année sabbatique, s’étant ainsi subtilement soustrait aux invectives des impitoyables glossateurs sportifs. Cela dit, on croyait que le but précoce marqué par Mastouri, suite à une gracieuseté d’un défenseur libérien, allait libérer les Tunisiens et leur permettre d’en mettre plein la vue. Il est communément admis que pour ce faire, il faut avoir la maîtrise du ballon pour imposer son style de jeu, outre un pressing constant une fois la balle chez l’adversaire, une donne qui s’est vérifiée lors des 10’ initiales et qui a généré la fameuse gratification en question. Puis, plus rien, en dehors d’infructueuses longues transversales et l’impression de voir à l’œuvre une équipe unijambiste, pratiquement seul le flanc gauche, animé par la paire Ben Ouanes-Achouri, ayant plus ou moins carburé, malgré un excellent Yann Valéry qui s’est démené quasiment seul tout le long du couloir droit, Ben Romdhane, censé apporter une contribution agissante dans cette partie du terrain ayant paru bien mollasson.
Ismaël Gharbi, la trouvaille ad hoc ?
A la reprise, le sélectionneur national honorera en grande partie l’apophtegme selon lequel «la seconde mi-temps est celle des entraîneurs». Visiblement fort des enseignements des 45 premières minutes, il gèrera la suite du match pied à pied. C’est ainsi qu’il commencera par injecter à la 53’ le duo Sliti-Gharbi à la place tout naturellement de Ben Romdhane et Laâyouni, l’un plus souffreteux que l’autre. Et si Sliti est un vétéran du bataillon, le natif de Paris, le néo-Augsbourgeois, Ismaël Gharbi, en était à son baptême du feu. Et pour un coup d’essai, ce fut un coup de force, ce milieu offensif, au gabarit ne payant pourtant pas de mine et dont l’entente avec le sociétaire du leader actuel de la «Qatar Stars League», Al-Shamal Sports Club, semblait couler de source, impulsera au jeu des Tunisiens la fluidité, la créativité et le tranchant qui lui faisaient cruellement défaut. Il eut pour ainsi dire, en un rien de temps, un rôle moteur, métamorphosant du coup la physionomie du match. Poursuivant pas à pas sa gestion du match, sur fond de remplacements deux par deux, option qui a le mérite de ne pas tronçonner le cours du jeu, Trabelsi incorporera conjointement le nouveau compère de Gharbi à Augsbourg, Elias Saâd, ainsi que Chaouat à la place de Achouri et Mastouri et ce, à la 82’. A son tour, le natif de Hambourg, l’animateur du couloir interne gauche, marquera de précieux points en conférant à sa zone de prédilection un surcroît de pugnacité et comme capiteuse touche finale, il fêtera avec beaucoup d’apparat sa quatrième sélection pat un but de toute beauté sur coup franc direct. Pour faire bref, Sami Trabelsi, devra-t-il «vingt fois sur le métier remettre son ouvrage, le polir sans cesse et le repolir» ? A la lumière de la copie rendue en seconde période, il n’aura sûrement pas de quoi se mettre en quatre, pouvant parfaitement capitaliser sur le rendement exhibé après les remaniements porteurs qu’il a opérés. Même si chaque match a sa vérité propre et que «tout étant égal par ailleurs», on peut certifier que les contours du Onze national, dans son armature et sa contexture à tout le moins, commencent, patemment, à se dessiner.
W.S.