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Projet de loi portant sur la lutte contre la sorcellerie : Quel est le sort des pratiques religieuses telles que la Roqya?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Un projet de loi portant sur la lutte contre la sorcellerie et le charlatanisme sera examiné pro-chainement par le Parlement. Que prévoit ce projet et quel est le sort des pratiques religieuses telles que la Roqya si cette proposition législative est adoptée?


Un projet de loi portant le n°025/2024, relatif à la criminalisation de la sorcellerie et du charlata-nisme, a été déposé le 6 mars 2024 par treize élus. En effet, «la sorcellerie n’est pas jusqu’ici interdite par une loi spécifique, mais des pratiques liées à la sorcellerie peuvent être poursuivies dans le cadre d’autres lois, notamment celles relatives à l’escroquerie et à l’exercice illégal de la médecine. Il n’existe pas, justement, de législation spécifique visant la sorcellerie en tant que telle. Cependant, des lois existantes peuvent être appliquées en fonction des actes commis», nous dira l’avocat Me Houssem Eddine Ben Atiya. Que prévoit, de fait, cette nouvelle loi et si certaines pratiques religieuses telles que la Roqya seront visées par ce projet de loi?
A l’origine de ce projet de loi, la députée Fatma Mseddi a indiqué: «Les charlatans profitent aujourd’hui du vide juridique existant pour abuser, soustraire de l’argent et arnaquer leurs vic-times. Malheureusement, l’article 291 du code pénal qualifie ce genre de pratiques de délits d’escroquerie, ce qui a créé un flou dans l’interprétation du texte. De fait, cette proposition de loi vise à combler ce vide». Selon certains sondages, 1 Tunisien sur 3 dit avoir consulté au moins une fois un voyant ou une voyante. Les femmes sont les plus concernées par ce fléau qui génère 1 milliard de dinar par an. Entre 3000 et 5000 guérisseurs et voyants exercent en Tunisie et la majorité d’entre eux disposent de patentes et d’un matricule fiscal, ce qui donne à leurs activités un caractère «officiel». N’empêche que les abus sont fréquents allant du viol à la mort...

Exorcisme et violence sexuelle…
Rien que durant l’année 2024, 174 enquêtes ont été ouvertes à l’encontre de charlatans et guérisseurs dont les deux célèbres voyants Kamel Maghrebi et le violeur de l’Ariana. Tout récemment, un individu, se présentant comme «guérisseur spirituel», poursuivi pour viol sans consentement, violences graves, escroquerie et chantage à caractère sexuel, a été arrêté à Sousse. Pour le violeur de l’Ariana, il a dans son actif plus de 800 femmes et jeunes filles qui ont été toutes été abusées sexuellement par ce guérisseur qui leur a fait croire que son «sperme magique» est le seul remède pour leur problème de stérilité pour les femmes mariées et pour leur trouver un mari pour les jeunes filles.
Face à la prolifération de ce fléau et abus commis, le nouveau projet de loi prévoit des peines de prison à l’encontre de ces charlatans. Selon l’avocat Me Houssem Eddine Ben Atia: «L’article 291 reste vague dans ses dispositions et parle beaucoup plus d’escroquerie  que d’incrimination du charlatanisme. Alors, ce projet de loi peut constituer un tournant en matière pénale afin de protéger les victimes contre ces pratiques aux conséquences parfois très graves».
Outre les abus à caractère sexuel et physique, certains individus sont victimes aussi d’escroquerie à l’image de ces quatre personnes qui ont été victimes d’une escroquerie de grande ampleur perpétrée par une femme et deux hommes, dont l’un est ressortissant d’un pays arabe. L’affaire a été dévoilée en mai dernier. Les escrocs ont réussi à leur soutirer plus de 500 000 dinars en leur faisant croire qu’ils pouvaient extraire des trésors enfouis à l’aide de rituels de sorcellerie et de pratiques occultes.

M.B.S.M.

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