Après avoir élaboré son plan de paix pour Gaza en s’inspirant grandement des anciens plans arabes, Donald Trump s’est directement tourné vers eux, en tant que principaux médiateurs du conflit.
En réalité, ce plan encore fragile repose sur l’action de nombreux acteurs, presque entièrement éludés de l’équation. Ce ne sont pas les pays arabes qui diront le contraire.
Le 30 septembre, les ministres des Affaires étrangères de huit pays arabes publiaient une déclaration conjointe pour saluer la vision du président américain. Parmi ces huit pays (Arabie saoudite, Jordanie, Émirats arabes unis, Indonésie, Pakistan, Turquie, Qatar et Égypte) se trouvent une partie des principaux médiateurs ayant agi en faveur d’une résolution du conflit depuis l’embrasement du 7 octobre 2023.
Certains entretiennent des liens historiques avec le Hamas, liens savamment utilisés par Donald Trump pour contraindre le mouvement à se plier aux termes de son accord. Car si le chef d’État américain s’est personnellement chargé de convaincre Israël, fort de la proximité entre Tel-Aviv et Washington, c’est vers la Turquie qu’il s’est tourné ces derniers jours. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui-même confirmé avoir été sollicité « expressément » par Donald Trump pour convaincre le Hamas de négocier la paix avec Israël. La raison ? Les relations de longue date d’Ankara avec le mouvement islamiste palestinien. Ce dont Donald Trump peut difficilement se vanter, sachant très bien que les pays du Golfe sont incontournables pour l’avenir de la région.
Preuve en est ces derniers jours en Égypte, où les négociations organisées à Charm el-Cheikh ont été principalement chapeautées par les pays arabes, malgré la présence des émissaires américains de Donald Trump. À ce titre, rappelons que ce sont le Qatar et l’Égypte qui ont soumis le plan au Hamas. Qui l’a finalement accepté après les efforts turcs de dernière minute.
« Je tiens à exprimer ma gratitude, en particulier au président américain Trump, (...) ainsi qu’à nos pays frères, le Qatar et l’Égypte », a d’ailleurs tenu à rappeler Recep Tayyip Erdogan sur X, au moment de saluer ces efforts conjoints pour la paix. À ces efforts s’ajoutent ceux de l’Arabie saoudite, acteur important dans le cadre de la résolution pour un État palestinien formulée aux côtés de la France devant l’ONU en juillet.
Travail collectif, faute de mieux
Les pays arabes ont d’ailleurs été les premiers à exprimer leurs craintes quant au plan Trump, qu’ils ont « validé les dents serrées », comme l’explique Le Monde. La raison est assez simple : son plan esquissé auprès des pays médiateurs le 23 septembre à New York, lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies, a été substantiellement amendé « sous la dictée israélienne », selon le quotidien, avant d’être officiellement présenté le 29 septembre.
Toujours selon Le Monde, les suggestions formulées par les pays arabes auprès de l’équipe de Donald Trump ont été ignorées, à l’inverse des exigences israéliennes, ce qui explique l’absence de calendrier contraignant pour l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Leur soutien à l’initiative de Donald Trump a donc été apporté faute de mieux et compte tenu de l’urgence humanitaire.
À ce stade, les pays arabes saluent tous l’accord mais restent prudents sur sa mise en place et son respect par Israël. Ils savent aussi que froisser le président américain nuirait à leurs intérêts financiers communs, même s’ils n’ont pas hésité à lui forcer la main pour obtenir des excuses du Premier ministre israélien après la frappe sur Doha. Cet équilibre est d’ailleurs réciproque, car Donald Trump sait le poids de ces pays dans la négociation sur un futur statu quo régional, comme le note Courrier international.
Enfin, il faut aussi souligner que le plan Trump n’a pas été sorti du chapeau par magie. Ce dernier repose en grande partie sur le plan arabe, soumis en mars dernier au Caire. Ainsi que sur certains points de l’initiative franco saoudienne votée à l’ONU. Des éléments qui renforcent l’idée d’un plan de paix plus international que ne laisse paraître l’appellation couramment employée ces dernières semaines.