Par Wahid SMAOUI
EST-USM-ST-USBG, tel est l’heureux quatuor qui a réchappé d’un tour à deux visages : un premier ayant honoré les attributs d’un match de coupe, à Ben Guerdane et Sousse, un second, à Radès et Monastir ayant donné à voir un hiatus béant entre vainqueurs et vaincus.
En match avancé ayant nécessité le recours aux prolongations et à l’issue d’un haletant chassé-croisé, l’USBG et EGSG n’ont pu se départager (2-2). Par deux fois, les Gafsiens mènent au score, manquant d’un rien d’abréger les débats en leur faveur dans le temps règlementaire, mais les gars de Ben Guerdane sont parvenus à égaliser, en faisant de même lors des prolongations. Un suspense qui est allé en crescendo lors de l’éprouvante séance des tirs au but et au final, les maîtres de céans, un tantinet mentalement plus solides l’emportèrent (8-7), les Oasiens tombant avec les honneurs.
Le lendemain, les trois autres rencontres étaient bien parties pour nous valoir une adversité encore plus acharnée mais hormis l’affiche de l’Olympique de Sousse, les explications de Radès et de Monastir ont quasiment tourné à un one-man-show, une sorte de soliloque exécuté par les équipes hôtes, l’EST et l’USM qui ont presque corrigé contre toute attente les Sang et Or du Sud et un CA qui a confirmé les indénombrables désagréments qui l’ont acculé à une calamiteuse fin de saison.
Le duel des Espérances a finalement accouché d’un simulacre de football au vu de la différence de classe entre les deux équipes, du moins concernant ce match en question car au vu de ce dont les Sudistes ont fait étalage cette saison, nous nous attendions à une opposition autrement relevée, voire l’éventualité d’un petit fait d’armes de leur part. Au final, il n’a fallu aux Tunisois qu’une mi-temps pour faire l’emballage, voire 3 petites minutes à deux reprises, les premières de la partie d’abord, qui ont vu Blaïli ouvrir la marque, un but qui a considérablement radouci l’ardeur des Sudistes, et les dernières de la période initiale opportunément mises à profit par les Jabri et compères qui ajoutèrent en un rien de temps deux autres buts ayant eu l’effet d’un coup de massue, synonyme d’estocade finale. L’irréductible boni pour les Tunisois est d’avoir enjambé ce tour de coupe avec le moins d’efforts possible, quand bien même le relâchement de la seconde période leur aurait coûté un but par l’inévitable Snana, en guise de baroud d’honneur.
Et si c’était un gros mensonge?
Annoncée à grand bruit comme un fastueux moment de football, l’empoignade USM-CA s’est en dernier ressort apparentée à un spectacle-solo. C’est qu’il n’y avait en effet qu’une seule équipe sur le terrain, des Bleus on ne peut plus studieux face à des Clubistes à rappeler expressément à leurs chères études. Plus on s’enhardissait dans le match, plus on se rendait compte que Faouzi Benzarti avait scrupuleusement préparé son coup et que Bettoni confirmait ses errements, voire divagations. Côté usémiste, l’ascendant de mise s’est traduit par un quadrillage méticuleux du terrain, une manifeste supériorité dans les duels, une complémentarité de bon aloi entre les joueurs, chacun sachant pertinemment le rôle qui lui est dévolu et comme éloquente illustration la prestation d’Orkuma, en phase défensive ou dans la transition, le tout sur fond de constant pressing, cher à Benzarti. En face, le b.a.-ba du football faisait cruellement défaut au vu des carences aux plans du positionnement/repositionnement, de la répartition des tâches, de la créativité, si bien qu’il n’y avait pas d’idées directrices… On a du mal à comprendre l’absence d’une véritable pointe de l’attaque dès le début ou au pire, dès la seconde mi-temps, à même de fixer la défense adverse, d’effectuer des appels, des remises… Déjà à 11 contre 11, les Ribatiens étaient outrageusement dominateurs, à 11 contre 10, il n’y avait pratiquement plus de match, l’incurie tactique ayant été « agrémentée » de cafouillis comportemental, allusion au carton rouge gratuit écopé par le Libyen Mesmari. «Défaite logique. Ils étaient meilleurs que nous. On reste sur un mois catastrophique. On a fait de bonnes choses jusqu’au derby puis on a craqué… Dommage pour le public…». C’était un condensé des déclarations d’après-match de Bettoni. Il n’y a pas plus éloquent que cet aveu d’impuissance, d’abdication et de reddition pour comprendre l’ampleur de la banqueroute clubiste, du coup de Trafalgar qui a mis en colle le club. Le projet CA version Bettoni, l’« alter ego » de Zidane s’est-il avéré au final un gros mensonge ? La démission en bloc du bureau directeur de Haykel Dkhil a de quoi le corroborer.
Les Beylicaux, à l’italienne
A Sousse, le détenteur du trophée, un ST qui n’était pas sans rappeler le Onze fringant de la phase aller, a réédité le même coup de la saison dernière au même stade de l’épreuve. Les Vert et Rouge ont quasiment joué à l’italienne, appliquant un bloc médian compact, un pressing plus ou moins haut cristallisé par un premier rideau formé des attaquants Saâfi, Kadida et Ouerguemmi et par à-coups, une défense en ligne chaque fois qu’une longue transversale en direction de Chaouat était pressentie. La principale consigne que Chokri Khatoui aurait prodiguée était visiblement de ne pas encaisser de but, de tenir en respect l’adversaire le maximum possible. Pour ce faire, il fallait faire preuve de patience, attendre tranquillement son heure pour finir par porter le coup fatal. Ce qui advint, moyennant des changements opportuns, comme celui de Khalil Ayari, une jeune pousse promise à un avenir radieux, de cette race d’attaquants au don de dribbleur en voie d’extinction. Sa manière de louvoyer, après avoir mis dans le vent plusieurs défenseurs étoilés sur l’action du but en est une parfaite illustration. Quant aux Sahéliens, ils ont pâti d’une défense, notamment centrale, lourde, alors que devant, leur jeu était facilement décodable, l’option Chaouat étant pratiquement la seule privilégiée.
W.S.