Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Une étude dont les résultats ont été publiés en 2021 a montré que l’adolescent tunisien passe 4h et demie par jour devant l’écran de son Smartphone. Cet usage problématique d’Internet ne cesse d’interpeller les pédagogues quant aux dangers de cette addiction?
La Tunisie compte 9,96 millions d’utilisateurs d’Internet en 2024. Ce chiffre représente environ 79,6% de la population, ce qui souligne une pénétration importante du réseau Internet à travers le pays. Ce n’est pas tout. L’addiction concerne aussi l’usage excessif d’écrans de télévision et d’ordinateurs fixes. Plusieurs études affirment que la surexposition aux écrans peut entraîner des séquelles physiques et psychologiques, comme des troubles du sommeil, une prise de poids due à la sédentarité, des épisodes d’agressivité ou encore du décrochage scolaire. Et comme Internet est le principal point d’attache à ces écrans, une étude menée par des experts pour mesurer la prévalence de l’usage problématique d’Internet chez les lycéens de la ville de Sfax nous apprend, de fait, que «les adolescents tunisiens ont davantage de facilité d’accès au Web. Ces adolescents, en d’âge vulnérable, dépassent facilement les limites d’une connexion normale et vont dans le sens d’un usage problématique. Leurs liens et leurs facilités d’adaptation aux nouvelles technologies semblent en faire le groupe le plus à risqué face à ce mésusage d’Internet. La prise de conscience croissante et rapide du public aux effets négatifs de cet usage excessif d’internet rend le concept d’addiction à Internet reconnu par plusieurs spécialistes». A titre d’exemple et en chiffres, plus des deux tiers (74 %) des utilisateurs de Facebook et 80 % des utilisateurs d’Instagram en Tunisie ont un âge compris entre 13 et 34 ans. Ces formes de communication omniprésentes chez les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement préoccupantes pour la santé mentale. Pour le Dr, Ahmed Fouad Fkih : «Les études nous montrent que la majorité des adolescents utilisent Facebook (94,3 %) et/ou Instagram (65,0 %), avec un temps moyen passé sur les réseaux sociaux de 4,8 heures par jour. Les «Idées de persécution», la « Pensée pagique » et les «Expériences bizarres» ont été signalées au moins «parfois» par 98,1 %, 96,7 % et 96,4% des adolescents. Environ la moitié des jeunes ont déclaré avoir connu au moins des malaises et problèmes de vue».
Certains observateurs estiment que nous sommes face à une génération «internet» par excellence, tout le temps connectée, tout le temps branchée, tout le temps à l’affût des derniers gadgets électroniques, des dernières trouvailles technologiques et tout ce vocabulaire qui invite à la paresse intellectuelle. Les plus avertis trouvent que la tare endémique de ceux qui font un très mauvais usage d’internet et automatiquement de tous ces écrans (téléphones, télévision et ordinateur fixe ), devenus pour un simple exutoire de leur désir impérieux de tuer le temps. Que faire de fait pour lutter contre cette nouvelle forme d’addiction?
Mieux vaut prévenir …
Pour notre Dr : «Il est important tout d’abord de repérer les symptômes d’une dépendance. Un ado accro aux écrans peut montrer par exemple une diminution marquée de l’intérêt pour les activités physiques ou sociales, des troubles du sommeil liés à une utilisation excessive tard le soir, des résultats scolaires en baisse, une irritabilité ou un stress accru quand les écrans sont retirés voire une difficulté à se concentrer ou à rester dans le moment présent sans son Smartphone ou son ordinateur». Que faire, de fait, dans ce cas?
Dr Ahmed Fouad Fkih estime que « la première étape pour désintoxiquer un ado des écrans passe par la mise en place de règles claires. Dans la famille, fixer des plages horaires sans écrans pour tous, comme lors des repas ou en soirée. Définir un temps maximal pour l’utilisation des écrans chaque jour, adapté à l’âge de l’enfant ou de l’adolescent. Il est important également de créer des moments forts hors ligne pour montrer qu’il est possible de s’amuser sans dépendre des écrans. Il faut aussi que les psychologues et spécialistes des addictions numériques insistent sur l’importance de maintenir un dialogue bienveillant et ouvert. Ne pas diaboliser les écrans, mais expliquer leurs impacts pour que les jeunes puissent faire des choix éclairés. Prendre rendez-vous avec un professionnel en cas de dépendance sévère pour bénéficier d’une guidance personnalisée. Ces experts proposent souvent des exercices concrets et des stratégies adaptées à chaque famille».
M.B.S.M.