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Editorial : Cette fois ou jamais…

Par Chokri Baccouche

La capitale irakienne s’apprête à accueillir le 36è Sommet de la Ligue arabe, initialement prévu le 17 mai. A l’ordre du jour de cette réunion qui verra la participation de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement, les questions d’actualité d’intérêt commun et plus particulièrement la cause palestinienne. La rencontre revêt une importance cruciale dans le contexte tragique qui sévit au Moyen-Orient où la population civile de Gaza est victime d’un génocide sioniste sans nul autre pareil depuis voilà plus de seize mois environ. Aux bombardements massifs et en continu, les Gazaouis sont soumis à un blocus à l’aide humanitaire cruel et impitoyable, imposé par l’entité sioniste, qui les expose à un risque croissant de famine, de maladies et de décès. 

Sans avoir à recourir forcément à un sondage d’opinions savant, les peuples arabes attendent beaucoup de ce 36è Sommet et gardent l’espoir d’un réveil de la conscience arabe et ce, malgré les innombrables et amères désillusions qui ont marqué les différentes conclaves arabes des dernières décennies. Plus concrètement, les dirigeants arabes sont appelés à faire preuve de réalisme et de courage en adoptant une position unifiée concernant la question palestinienne, sans ambages ni détour. Une position commune qui dénonce de manière claire et directe le génocide israélien. Les dirigeants arabes n’ont plus le droit en effet de se voiler la face et se dérober à leur devoir moral et historique envers les Palestiniens, surtout que l’écrasante majorité de la communauté internationale ainsi que l’ONU et la Cour pénale internationale admettent et reconnaissent l’existence d’une épuration ethnique en règle perpétrée par les responsables sionistes à Gaza et dans l’ensemble des territoires occupés. 

Ils doivent exorciser les démons de la peur et briser les chaines de la servitude et de la soumission qui les ont empêchés jusque-là d’agir sur le cours des événements et faire entendre leurs voix. L’émancipation, on le sait, ne se donne pas mais s’arrache, tout comme d’ailleurs la liberté. Et à ce titre, les « raïs » et autres têtes couronnées arabes doivent impérativement se départir de leurs égoïsmes, paradoxes et autres petits calculs étriqués servant d’infinitésimaux intérêts strictement personnels qui ne font que les embourber davantage dans le marécage de l’incertitude et la dépendance. Un assujettissement aussi frustrant que mortel, particulièrement dans ce nouvel ordre mondial de prédateurs qui ne fait aucun cas pour les faibles et les vulnérables.

Ironie de l’histoire, ce 36è Sommet arabe va se tenir en Irak, le pays qui a goûté dans sa chair les effets pervers de cet ordre mondial inique et éminemment agressif. Un pays qui a été dévasté par une guerre injuste et injustifiée, lancée par l’Amérique de Bush junior contre le régime de Saddam Hussein sous des prétextes fallacieux et des mobiles inventés et créés de toutes pièces et ce, malgré le refus catégorique de l’ONU et la désapprobation de l’écrasante majorité des pays membres. Cette terrible tragédie qui a généré des séquelles irréversibles dans l’ancienne Mésopotamie doit inciter logiquement les pays arabes à renforcer leur unité afin de jeter les bases d’une action commune servant leurs intérêts et accentuant leur chance de relever avec succès les innombrables défis présents et à venir dans un environnement régional et international instable marqué par la montée des périls.

A Bagdad, les pays arabes sont appelés surtout à sortir de leur léthargie et leur regrettable ineptie pour être en phase avec les exigences de l’heure. L’avenir de Gaza est entre leur main et, à ce titre, ils peuvent et doivent imposer leur propre plan de reconstruction de l’enclave palestinienne sinistrée qui refuse la déportation des Gazaouis comme le projettent le président américain Donald Trump et son alter ego israélien, Benjamin Netanyahu. Par de voir moral et acquit de conscience, tous les pays qui ont pris part à la sordide guerre à Gaza, de manière directe ou indirecte, en fournissant des armes à l’entité sioniste, doivent participer à la reconstruction de l’enclave afin d’atténuer les souffrances et rendre justice au peuple palestinien. La reconnaissance par ces pays de l’Etat palestinien s’inscrit dans cette même perspective et s’impose également comme une responsabilité morale et historique à la charge de tous ceux qui croient réellement aux valeurs universelles de liberté et des droits de l’homme. Croisons les doigts pour que ce 36è Sommet de la Ligue arabe ne soit pas, comme les précédentes éditions, une réunion pleine de «samalecs» mais de sens et d’essence où les décisions courageuses ne sont jamais au rendez-vous, au grand dam des peuples arabes qui subissent depuis plusieurs décennies un interminable cortège de désillusions et de frustrations…

C.B.

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