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L’été 2025 s’annonce plus chaud que la normale en Tunisie : Un plan canicule pour une meilleure prévention

Par Hassan GHEDIRI

Il n’y a aucun doute que les étés futurs seront plus chauds que tous ceux connus jusqu’à aujourd’hui en Tunisie. Une tendance qui impose l’adoption urgente d’un plan canicule, à l’instar de ce qui se fait dans plusieurs pays confrontés aux bouleversements climatiques.

 

Les prévisions des climatologues sont unanimes : la région méditerranéenne, et en particulier l’Afrique du Nord, se réchauffe à une vitesse alarmante. Selon Hamdi Hachad, spécialiste de l’environnement et du climat, la Tunisie fait désormais partie des zones les plus exposées au monde. Sur sa page Facebook, il rappelle que la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) se réchauffe 2,5 fois plus vite que la moyenne mondiale. « Notre pays se trouve pratiquement dans l’épicentre des températures extrêmes », alerte-t-il, appelant à repenser d’urgence les politiques urbaines et à mettre en place des mesures de prévention adaptées, notamment à travers un plan canicule national.

Les bulletins saisonniers publiés par l’Institut national de la météorologie (INM) ne sont guère rassurants. Le dernier en date, couvrant la période mai-juin-juillet 2025, prévoit des températures supérieures à la moyenne saisonnière sur la quasi-totalité du territoire. Si l’INM reste prudent sur les prévisions hebdomadaires, les modèles climatiques convergent vers une même conclusion : les épisodes de chaleur extrême deviendront non seulement plus fréquents, mais aussi plus intenses, avec des pics pouvant dépasser localement les 50 °C.

Face à cette réalité, la Tunisie ne peut plus improviser. La mise en place d’un plan canicule devient une priorité nationale. Il s’agirait d’un dispositif opérationnel visant à prévenir les impacts sanitaires, sociaux, économiques et environnementaux des vagues de chaleur. Sur le plan sanitaire, les effets peuvent être dévastateurs : déshydratation, coups de chaleur, aggravation des maladies cardiovasculaires ou respiratoires, en particulier chez les personnes âgées, les enfants en bas âge, les malades chroniques ou les populations sans accès à la climatisation. 

Enjeux multiples

Un plan bien conçu permettrait de cartographier les personnes à risque, de mobiliser les structures de santé, de créer des centres d’accueil climatisés et de renforcer la vigilance médicale. L’enjeu est également hydrique. Les périodes caniculaires s’accompagnent d’une consommation accrue d’eau, alors que le pays connaît déjà une situation de stress hydrique critique. Un plan d’action permettrait de rationaliser l’usage de l’eau, d’organiser des distributions ciblées et de limiter les usages non prioritaires dans les zones les plus affectées. Sans anticipation, Tunisie risque en effet  de subir des pertes économiques très lourdes. Le secteur agricole, qui reste vulnérable aux conditions climatiques extrêmes, risque des pertes importantes. La productivité dans le bâtiment, l’industrie ou les services pourrait chuter, notamment pour les métiers exposés à l’extérieur. Même le tourisme, pourtant vital pour l’économie nationale, pourrait être impacté si les conditions devienaient invivables pour les visiteurs.

Dans les zones forestières, notamment au nord-ouest du pays, les risques d’incendies sont démultipliés. Il est crucial d’établir un niveau d’alerte progressif, avec des patrouilles de surveillance, des interdictions temporaires de feux en pleine nature et une mobilisation renforcée de la Protection civile. Un plan canicule régionalisé, comme celui que pourrait adopter le Grand Tunis, serait structuré autour de trois niveaux d’alerte (vigilance, alerte orange, alerte rouge), chacun déclenchant des mesures adaptées : ouverture de centres rafraîchis, distribution d’eau, suspension de certaines activités extérieures, sensibilisation ciblés, etc. La coordination entre les ministères, les municipalités, les hôpitaux, les associations et la société civile serait indispensable pour garantir l’efficacité d’un tel dispositif.

H.G.

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