Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
418 bus seront bientôt livrés par la Chine à la Tunisie qui vise à moderniser son réseau de transport public. Pourquoi ne pas opter pour le montage de ces véhicules en Tunisie et faire d’une pierre deux coups?
En présence du secrétaire général du ministère du Transport, Walid Karaani, et d’une délégation du même département, des présidents-directeurs généraux de la Société des Transports de Tunis et des sociétés régionales du transport, un contrat-cadre portant sur l’acquisition de 418 nouveaux bus a été signé, lundi dernier, avec le constructeur chinois «Golden Dragon». Ce contrat vise à renforcer la flotte des sociétés nationales et régionales de transport routier. Selon le secrétaire général du ministère du Transport, Walid Karaani, 260 bus destinés aux Sociétés régionales du transport; 40 bus pour la Société Nationale du Transport Interurbain et 118 bus pour la Société des Transports de Tunis. Pourquoi, de fait, se contenter d’importer des bus et ne pas passer au montage de ces véhicules d’autant que notre pays dispose de compétences et de la logistique nécessaire pour devenir une plateforme desservant même le continent africain?
A cet effet, l’expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi, nous a confié: «Le montage de véhicules en Tunisie ne date pas d’aujourd’hui. En 1961, la STIA (Société Tunisienne d’Industrie Automobile) a été fondée, ce qui avait constitué à l’époque une première en Afrique et dans le monde arabe. Cette entreprise 100% tunisienne est spécialisée dans le montage de véhicules, notamment des autobus, autocars et véhicules industriels. Elle était également active dans le montage de voitures particulières avant de se concentrer sur les véhicules utilitaires. Mieux encore, la STIA assure le design, la fabrication et le montage des carrosseries d’autobus et d’autocars sur des châssis importés. Cela montre que la Tunisie a tout pour devenir une plate-forme pour, dans un premier temps, le montage puis, à long terme, se lancer dans la fabrication de véhicules. L’on comprend, par ailleurs, que le principal souci actuellement des autorités est de moderniser le réseau du transport public, ce qui explique la signature de ces importants contrats notamment avec les constructeurs chinois. N’empêche qu’il faut joindre l’utile à l’agréable en relançant l’activité du montage».
Opportunités…
En chiffres, la Tunisie dispose aujourd’hui de cinq unités d’assemblage et de montage de véhicules dont des 4x4 et des voitures de tourisme et autres utilitaires. Selon notre interlocuteur du jour, en l’occurrence l’expert en économie et en finances, Mohamed Salah Jennadi : «Ces derniers contrats signés avec des constructeurs chinois doivent constituer des opportunités pour renforcer l’activité d’assemblage et de montage de véhicules en Tunisie. Le marché du montage de véhicules en Tunisie est, en effet, un élément important pour le développement de l’industrie automobile locale et son export vers l’Afrique. La Tunisie a une position géographique stratégique pour servir d’usine de montage et de hub d’exportation vers les pays africains. Il faut savoir, également, que la Tunisie s’est dotée d’un hub africain de transport cargo destiné à l’exportation de produits vers l’Afrique, notamment les composants automobiles et les pièces de rechange. Elle s’est engagée dans la réalisation d’un port en eau profonde à Enficha dont la première tranche devrait être achevée bientôt. La Tunisie a été ainsi classée 46e parmi le Top 50 des pays les plus innovants au monde selon Bloomberg Innovation Index 2016. Sur le marché des composants automobiles, STAFIM Peugeot exporte également pour le compte de Peugeot France. Sans oublier sa nouvelle usine de montage pick up Peugeot. Les pick up Isuzu et Mahindra sont montés en Tunisie mais pour une production locale. Et puis il y a le japonais Nissan avec sa prochaine usine de montage et les Chinois SAIC et Foton».
M.B.S.M.