Par Imen Abderrahmani
Œuvre politiquement engagée sans tomber dans les slogans. « To a land unknown » de Mahdi Fleifel est le récit d’un exil sans fin, d’une humanité perdue réduite à des papiers et des procédures… Le film est sur l’écran du « Rio », ce soir, à partir de 18h00.
Présenté en première à la Quinzaine des cinéastes de Cannes, primé dans de nombreux festivals, lauréat du Tanit d’argent des Journées cinématographiques 2024, « To a land unkonown » (Vers un pays inconnu) de Mehdi Fleifel mérite le détour.
Programmé par le Ciné- Club de Tunis, le film raconte les Palestiniens exilés d’une autre vision, mettant en lumière la souffrance de ceux qui ont grandi dans les camps des réfugiés… des êtres humains qui sont devenus jour après jour des simples chiffres, des statistiques dans des rapports sur les conditions des exilés…
L’histoire est celle de deux cousins palestiniens Chatila (Mahmoud Bakri) et Reda (Aram Sabbah) qui quittent un camp de réfugiés au Liban, portés par l’espoir et le rêve d’une nouvelle vie, d’un nouveau début. Ils espèrent arriver à Berlin, ouvrir un restaurant et faire parvenir Nabila, la femme de Chatila pour tenir la cuisine… Dans la tête de ce dernier, le plan est clair mais il faut d’abord pouvoir atteindre l’Allemagne. Alors une première escale à Athènes s’impose pour avoir les moyens nécessaires pour mener jusqu’au bout leur projet. Il leur faut des passeports et de nouvelles identités. Alors sous les yeux « étonnés » d’Athéna, la déesse grecque de la sagesse, de la guerre stratégique et des arts, le duo recourt à tous les moyens pour gagner de l’argent. Tout est permis : Drogue, vol, abus, prostitution… tous les moyens sont bons pour eux. Les fins justifient les moyens, disait un vieux dicton.
Si Chatila tient à son rêve et compte les jours pour quitter la capitale grecque, Reda, toxicomane, sombre jour après jour dans la drogue…
Œuvre rude, profondément humaine, racontant l’exil autrement et l’impact de la vie misérable dans les camps sur les psychologies des individus, « Vers un pays inconnu » ne manque pas de poésie. Le poème de Mahmoud Darwich, « Le masque est tombé » résonne, rappelant la tragédie des Palestiniens.
Né à Dubaï, élevé dans le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué au Liban, Mahdi Fleifel contrairement aux deux héros de son film, a pu avoir un nouveau début. Formé au Danemark et à la Cinéfondation de Cannes, diplômé de la National Film and Television School de Londres, où il vit et travaille, Mehdi Fleifel a pu s’imposer à l’échelle internationale. « Vers un pays inconnu » est son premier long-métrage. Le film a valu à son réalisateur de nombreux prix et lui a ouvert les portes des grands festivals.
La projection du film sera suivie d’un débat touchant aux aspects technique et artistique. A suivre !
I.A.