Par Imen Abderrahmani
De ce que la littérature peut apporter pour préserver la mémoire et de la présence du patrimoine avec ses composantes matérielles et immatérielles dans le corpus romanesque tunisien débattra la nouvelle rencontre de la Maison du Roman qui démarre demain, le 15 mai, à Nabeul.
Au-delà des festivités, se place ce nouveau rendez-vous que propose la Maison du Roman en collaboration avec la Délégation régionale des affaires culturelles de Nabeul.
« Le patrimoine dans le corpus romanesque tunisien » ainsi s’intitule cette rencontre qui tentera de mettre en lumière quelques expériences romanesques où le patrimoine est bel et bien présent. Le patrimoine dans sa richesse et sa diversité, allant du matériel (sites, monuments…) à l’immatériel (savoir-faire, héritage oral tels que les proverbes et les chants, traditions…).
Organisé les 15 et 16 mai à Nabeul, ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre de la 34ème édition du mois du patrimoine dont les festivités se poursuivront jusqu’au 18 mai, avec au programme de la clôture une escale au musée archéologique de Salakta.
« Le choix de ce thème vient du fait que le roman tunisien, comme le roman dans le monde arabe, généralement, a été clairement influencé par l’héritage local, arabe et islamique, que ce soit en termes de contenu ou de formes narratives. Ceci s’est manifesté dans de nombreuses expériences qui ont combiné l’authenticité et la contemporanéité, reprenant et reproduisant le patrimoine d’une manière créative et avec une ingéniosité artistique, s’appuyant sur la simulation, dépoussiérant des personnages ou des événements historiques, et reprenant des rituels ou encore des récits de la mémoire collective sans oublier le recours à la description des lieux et des espaces à l’architecture antique » explique le romancier Younes Soltani, également directeur de la Maison du Roman, situant cette rencontre dans son cadre.
La rencontre qui s’étale sur deux jours et qui comporte deux séances verra la participation de plusieurs romanciers et chercheurs, à savoir Abdelkader Ben Hadj Nassr, Emna Rmili, Hassanine Ben Ammou, Habiba Mehrezi, Nassr Amari, Mohamed Issa Meddeb, Nabiha Al-Issi, Ridha Labyadh, Mouawiya Ferjani et Mouldi Farrouj.
Le texte, cet espace mémoriel
Les communications et également les débats porteront sur la relation entre la littérature, la mémoire, l’histoire et le patrimoine, examinant la représentation de la mémoire et de l’histoire dans les écritures romanesques tunisiennes. La rencontre sera également une occasion pour s’interroger sur les mécanismes permettant de transformer le texte en un « espace mémoriel », qui détient et transmet les références culturelles et également les traditions.
De la mémoire des lieux parlera Emna Rmili. Quant à Hassanine Ben Ammou, il partagera avec les participants quelques feuilles dans son riche et longue expérience, de sa passion pour la médina de Tunis où se déroulent nombreuses de son histoire. Le récit populaire et sa présence dans l’écriture romanesque, et plus précisément dans le roman « Hammam D’hab » (Le Hammam d’or) sera raconté par Mohamed Issa Meddeb, qui a choisi dans ses différents romans comme « La botte espagnole », « Balas Disca » ou encore « Al Joundi al majhoul » (Le soldat inconnu) de dépoussiérer la mémoire et d’aller sur les traces du passé.
D’autres romans comme « Les dattes dans leur régime » de Béchir Khraïef seront au cœur de cette rencontre qui explorera la question de l’identité et de la mémoire.
Gardiens de la mémoire, nombreux sont les auteurs tunisiens qui ont trouvé dans le patrimoine tunisien et dans l’histoire de l’inspiration, de quoi nourrir leurs pages blanches, redonnant ainsi voix aux personnes disparus, à des lieux abandonnés, lançant des passerelles entre le passé et le présent. Il est à noter que la clôture de ce rendez-vous sera avec une communication explorant les liens entre la poésie et l’autobiographie.
I.A.