Par Hassan GHEDIRI
Malgré les bonnes volontés exprimées par le président de la République, le transporteur national n’arrive toujours pas à s’inscrire dans une dynamique de relance …
Kaïs Saïed a reçu avant-hier Rachid Amri, ministre chargé du Transport, pour débattre des problèmes du secteur et mettre le point sur les défaillances nécessitant des interventions urgentes. Le chef de l’Etat a insisté sur l’obligation d’accélérer les procédures engagées pour l’importation d’un nombre de bus en vue de renforcer la flotte des sociétés publiques de transport en commun. Mais c’était aussi une question de rappeler la situation de la compagnie nationale de transport aérien Tunisair à propos de laquelle le président de la république a, encore une fois, pointé du doigt la dégradation de la qualité des services et l’irrégularité inacceptable des vols qui suscitent un grand mécontentement parmi les voyageurs.
Les problèmes de Tunisair, Saïed les a déjà évoqués à maintes reprises avec tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département du Transport au cours des cinq dernières années. Il n’a pas cess» de rappeler à ceux qui veulent bien l’entendre l’attachement de l’Etat à préserver cette entreprise publique et de contrecarrer les plans que fomentent, selon lui, certaines parties cherchant à provoquer sa faillite en vue de sa liquidation. A cet effet, dans un communiqué publié hier aux premières heures de la matinée par la présidence de la république, l’on réaffirme la position du chef de l’Etat en ce qui concerne la nécessitée d’engager des réformes structurelles afin de redonner son éclat à cette compagnie qui « demeurera, d’après Saïed, une fierté nationale se déployant splendidement dans le ciel et offrant les meilleures prestations».
Des défaillances persistes
Beaucoup de bonne volonté qui va certainement rassurer les milliers de salariés qui forment une surcharge insupportable sur la trésorerie de l’entreprise, rendant ses déficits quasi-irréparables. Malgré les efforts de réduction de l’effectif déployé ces dernières années dans le cadre de la politique d’austérité destinée à réduire les dépenses publiques, Tunisair reste loin des standards internationaux.
Nommé à son poste au moi d’août 2024, Rachid Amri a attendu deux mois pour annoncer en novembre l’élaboration « dans les plus brefs délais » de ce qui est supposé être «un plan de sauvetage urgent et des mesures de restructuration à moyen terme» de Tunisair, comme précisé dans un communiqué publié à cette occasion. La démarche prévoit, également, toujours selon le même communiqué l’adoption d’un «nouveau schéma de gouvernance adapté aux besoins de la compagnie, l’accélération de l’amendement des textes législatifs en vigueur» pour améliorer la qualité des services, la régularité des vols et renforcer la compétitivité de Tunisair.
A voir le communiqué diffusé hier par la présidence de la République à l’issue de la rencontre du chef de l’Etat avec le ministre du Transport, il semble que ledit plan de sauvetage manque toujours à se mettre en œuvre. Il suffit, en effet, d’aller interroger les clients qui prennent des vols Tunisair pour se rendre compte que les défaillances persistent, s’accumulent et s’aggravent. Alors que toutes les compagnies aériennes dans le monde jouent la carte du confort pour la conquête des clients de plus en plus exigeants, la ponctualité des vols, la disponibilité de la flotte et la qualité des services continuent toujours à donner du fil à retordre à Tunisair. La gouvernance de l’entreprise s’avère une autre paire de manches parce que avec l’instabilité managériale marquée par des changements fréquents des PDG a empêché toute vision stratégique durable. Plusieurs plans de redressement ont été annoncés par le passé, sans suite concrète, en l’absence de mécanismes de suivi rigoureux et durables.
H.G.