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Gestion de déchets industriels en Tunisie : Former, oui, mais traiter où ?

Par Hassan GHEDIRI

Alors que se succèdent les formations sur la gestion des déchets industriels et dangereux, dans la pratique la Tunisie accuse un lourd retard dans la mise en place d’une véritable filière nationale de dépollution.

 C’est un exemple d’absurdité hors pair qui illustre le fossé entre la théorie et la pratique. Le Centre international des technologies de l’environnement (CITET) compte organiser les 23 et 25 juin prochain une session de formation sur la gestion des déchets industriels et dangereux. L’objectif visé par cet établissement est de doter les cadres de l’administration, des bureaux d’études et des entreprises industrielles des compétences nécessaires pour mieux gérer les déchets industriels. Un objectif est sans doute très louable étant de réduire l’impact environnemental et sanitaire des rejets industriels. Mais au vu de la réalité des choses avec une infrastructure de traitement quasi inexistante ou à l’abandon, la portée pratique de telles initiatives reste, malheureusement, limitée.

Le cas emblématique de l’unité de traitement des déchets industriels de Jradou, dans le gouvernorat de Zaghouan, témoigne de cet échec structurel. Mise hors service depuis 2011 à la suite des protestations des riverains, inquiets pour la qualité de leurs terres agricoles et de leurs nappes phréatiques, cette unité constituait pourtant l’unique centre opérationnel capable de traiter les déchets industriels dangereux du pays. Depuis sa fermeture, aucune solution n’a été mise sur pied, laissant les industries polluantes se débrouiller avec leurs déchets.

Echec 

Selon les estimations officielles, plus de 250 mille tonnes de déchets industriels dangereux sont produits chaque année en Tunisie. Faute de traitement adéquat, ces déchets sont souvent stockés sur site, enfouis illégalement, ou, pire, déversés directement dans la nature, aggravant la pollution des sols, des cours d’eau et des nappes phréatiques. Cette situation engendre un risque sanitaire majeur pour les populations locales et compromet durablement l’intégrité des écosystèmes. La pollution industrielle en Tunisie est devenue un problème de santé publique qui fait déjà des ravages avec une prévalence alarmante des cancers. Dans des zones industrielles comme Gabès, Sfax, Radès ou Bizerte, les mesures de la pollution atmosphérique révèlent une concentration anormalement élevée de particules toxiques dans l’air, sans oublier les terres agricoles impropres à la culture, et eaux souterraines contaminées. En l’absence d’un système intégré de collecte, de tri, de traitement et d’élimination des déchets industriels, la situation ne peut que s’aggraver.

L’unité de Jradou, inaugurée en 2007, était censée constituer l’épine dorsale de cette filière de dépollution, en assurant le traitement centralisé des déchets industriels produits à travers le pays. Sa paralysie est une preuve de l’échec de l’État et prouve son incapacité à répondre à l’une de ses missions fondamentales qu’est garantir un environnement sain aux citoyens.

Parallèlement aux formations techniques et les programmes d’initiation aux bonnes pratiques de gestion et d’élimination des déchets toxiques dirigés par des institutions spécialisées telles que le CITET, la remise en service et la modernisation de l’unité de traitement de Jradou et la création de nouveaux centres de traitement sur l’ensemble du territoire doivent être une priorité dans le cadre d’une politique nationale de gestion des déchets industriels.

H.G.

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