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81% des Tunisiens n’ont pas assisté à un spectacle artistique: Au-delà des chiffres, une politique culturelle inexistante

Scandaleux sont les chiffres qui ont été présenté dans de l’émission culturelle « On est là » de Myriam Belkadhi sur Telvza TV.  

Selon le dernier sondage réalisé par l'Institut d'études de marché et de sondage d'opinion Nord Africain Emrhod Consulting,  81% des Tunisiens n’ont pas assisté à un spectacle artistique durant les douze derniers mois. 6%, seulement, ont indiqué appartenir à un club ou un groupe culturel. On se demande ainsi pourquoi si nous prenons en considération les programmes annoncés par les maisons de la culture, tout au long de l'année, et ces festivals de tous genres qui fleurent bon ici et là, dans les grandes villes comme les petits villages et qui proposent très souvent une variété de spectacles surtout musicaux et théâtraux. Est-ce un problème de communication? Est-ce un problème lié aux choix même du spectacle? Comment explique-t-on ce désintérêt? Tant de questions qui doivent aujourd'hui faire l'objet des enquêtes minutieuses afin de déterminer les grands axes de la politique de l'action culturelle.

Ce même sondage, rendu public, le 18 mars 2024 lors de cette émission, avance les chiffres suivants, toujours couvrant la période des douze derniers mois de l'année: 12,7% des Tunisiens ont assisté à un spectacle musical, 8% à un film, 6% à une performance théâtrale, 4,3% à un cirque ou à un spectacle acrobatique, 2,5% à une conférence autour d’une œuvre de littérature, 1,5% à une soirée de lecture de poèmes et 1% à un spectacle de danse ou de balai. Ces chiffres témoignent bel et bien des crises que vit le secteur de l'édition. Qui malgré une production littéraire foisonnante et de qualité n'occupe pas une place de choix dans le quotidien des Tunisiens. Pour comprendre les racines de ce mal, il faut explorer la relation quotidienne du Tunisien avec le livre. Que lisent les Tunisiens? Quand lisent-ils? Les lecteurs sont-ils des hommes et des femmes? De quelle tranche d'âge? L'information relative aux nouvelles publications circule-t-elle bien? Quelles sont les raisons pour lesquelles les Tunisiens ne lisent pas et n'assistent pas à des rencontres de présentation des livres?

S'agissant de cette "indifférence" vis-à-vis des spectacles chorégraphiques, faut-il demander le genre de spectacles vus dans ce 1%? Est-ce des spectacles de danses traditionnelles? Est-ce de création de compagnies privées? Ces spectacles sont-ils vus dans le cadre des festivals spécialisés ou ils font partie du programme des festivals d'été?

 

 

Toujours selon Emrhod consulting qui a demandé aux Tunisiens au sujet des endroits visités durant les douze derniers mois, les réponses indiquent que 15% se sont rendus à un festival, 14% à un site historique, 12% à une foire de livres, 7% à un musée et 4% à une galerie d’exposition. D’un autre côté, 70% ne se sont rendus à aucun de ces endroits durant les douze derniers mois.  Alors pourquoi les Tunisiens n'assistent-ils aux festivals? Est-ce en relation avec le contenu de la programmation? Est-ce un manque d'information? Est-ce en relation avec les prix des billets et également le pouvoir d'achat du Tunisien qui ne cesse de se détruire? Et pour les sites historiques et les musées. Quelles sont les raisons de cette indifférence? Faut-il revoir les campagnes promotionnelles? Que manquent-ils à nos musées et sites pour qu'ils soient attractifs? Quelle stratégie de communication aujourd'hui dans le secteur du patrimoine?

La culture ne semble pas également être parmi les préoccupations des Tunisiens. D’après la même source, 90% des Tunisiens ne se sont pas adonnés, durant les douze derniers mois, à une activité culturelle dans un espace dédié à cela. Pour ceux qui ont déclaré avoir pratiqué une activité, les chiffres se déclinent ainsi:  3% ont pratiqué le chant, 2,8% la peinture, 2,1% du théâtre, 1,7% ont joué d'un instrument, 1,5% ont écrit de la poésie, 1,5% ont écrit des romans, 1,5% ont fait de la danse, 1% ont fait de la photographie et 0,2% ont fait de la sculpture. Certes, on ne peut pas tous faire de la poésie, écrire un roman ou faire une sculpture, car ce sont des domaines qui demandent un certain savoir-faire mais pour la musique, la peinture et le théâtre, on peut toujours essayer et les clubs implantés dans les maisons de la culture comme dans les centres culturels privés offrent une variété d'activités et de formations.

 

 

D'ailleurs, dans ce sens, 94% des Tunisiens ont indiqué ne pas être membre d’un club ou un groupe artistique contre seulement 6% adhérant à ce genre de structure. Paradoxalement, 76% considèrent qu’exercer une activité culturelle est une chose importante. Alors pourquoi ce désistement? Est-ce un problème de timing? de budget? Est-ce une question de mentalité?

Parmi les questions évoquées également dans ce sondage est l'acquisition d'un instrument de musique. Les chiffrent nous révèlent que 78% ont indiqué ne pas avoir d'instrument de musique chez eux. Et c'est très logique. Tant qu'on ne fréquente pas des festivals, on n'assiste pas à des concerts, on ne fait partie d'un club, ne pas avoir un instrument devient évident. Les 22% restant sont répartis comme suivant : 30% une guitare, 22% un instrument de percussion (derbouka, tambour, batterie...), 11% un piano, 11% un orgue, 10% un violon, 8% un luth, 4% ney (flûte orientale), 3% zurna (communément connu sous le nom "mezmar") et 2% mezoued (cornemuse orientale).

Imen.A.

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